Dans Métaclassique, David Christoffel veut décloisonner la parole sur la musique classique et en repousser les limites. Fabuler, rajeunir, consoler, orner : chaque semaine, l’émission offre une variation radiophonique autour d’un verbe qui sert de ligne de fuite pour une traversée inédite. D’un numéro à l’autre, l’émission accueille des témoignages de musiciens, des entretiens avec des musicologues ou des créations radiophoniques avec des enfants ou des étudiants.

Une voix peut être rauque, stridente, accrocheuse, aigrelette. Une voix peut être cristalline, frêle, voilée, quand elle n’est sépulcrale, caverneuse ou haletante. Certaines voix sont blanches. D’autres gouailleuses, éraillées ou cassées et, en cela préférables aux voix trop onctueuses ou trop feutrées. Mais quand elle est une voix d’opéra ou de radio, pourquoi faut-il qu’une voix soit triomphante ou, au contraire, glacée. A quoi sert qu’une voix soit métallique, ronflante, sèche ou veloutée ? Et que faut-il déduire d’une voix qui se fait particulièrement rocailleuse ou croassante ?

Quand on apprend des scientifiques australiens révèlent que les voix des jeunes femmes en train de lire, a baissé de 23 Hz en moyenne entre 1945 et 1993, on ne sait pas forcément comment le prendre : est-ce qu’il en va d’une évolution des canons esthétiques, des critères de séductions ou quelque stéréotype de genre, quand ce ne sont des assignations d’ordre sexiste.

Dans Métaclassique, au lieu de boucler ces questions aux intersections entre musique, biologie et discriminations sociales, on préfère les entrecroiser : ce numéro va tresser deux recherches, en alternant deux entretiens : avec Laura Frémy qui prépare une thèse sur les grandes voix de radio et Alexandre Suire qui a soutenu une thèse qui explore, sans la résoudre complètement, l’hypothèse selon laquelle les hauteurs de voix dépendraient de facteurs évolutifs, autrement dit : est-ce pour des raisons de sélection sexuelle que les femmes continuent de parler plus aigu que les hommes ?