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Cette semaine, projecteur sur un grand auteur français, Jean-Christophe Rufin, qui a sorti le mois dernier son dernier livre : «Le collier rouge», comme d’habitude chez Gallimard.
C’est d’abord l’histoire d’un chien. Un chien qui hurle à la mort dans un village assommé par la chaleur. Il aboie sans discontinuer devant la prison parce que son maître y est enfermé. À le voir, couturé de partout et maigre à faire peur, on peut bien se demander pourquoi il le regrette tellement. Son maître, le prisonnier, est bien un héros de la guerre 14-18, décoré de la Légion d’honneur à la suite d’un acte de bravoure sur le front près de Salonique, mais il n’aime pas particulièrement la bête. L’animal est rarement une pièce à conviction dans un procès, ce qui est le cas ici. Pour ce roman qui tient presque de la nouvelle, Rufin a choisi de s’inspirer d’une histoire qu’on lui a racontée. Celle du grand-père de son ami, le photographe Benoît Gysembergh, qui revint de la guerre décoré mais qui transgressa cet honneur en accrochant l’étoile au cou de son chien lors d’une cérémonie officielle. Il était ivre. Il fut arrêté et jugé. Un chien avec la Légion d’honneur ? Si la scène a choqué à l’époque, elle stimule l’imagination de Rufin qui met en scène un trio singulier dans le huis clos étouffant de cette cellule du pays poitevin.
Chronique présentée par Gwen Moullec-Le Thérisien.